La brésilienne

Il était une fois, Juliette Malveau Amado, photographe française, de famille portugaise, qui part en direction du Brésil pour retrouver ses origines. Dans ses bagages, peu de choses : des informations floues sur un grand-père brésilien disparu, de nom Amado, et sa carte ADN, qui l’envoie directement dans le sertão, au nord-est du Brésil. À travers l’inconnu, le hasard et l’incertitude, Juliette se lance dans un typique voyage du héros qui aboutit à la surprenante série « Amada família ».

À travers plusieurs rencontres avec des personnes portant le nom de famille Amado, Juliette parcourt la culture brésilienne du nord au sud. Comme son ancêtre, le célèbre écrivain bahianais Jorge Amado, elle explore les détails de la culture régionale brésilienne. Son travail traverse le privé, l’imaginaire et la dimension universelle, avec des questions contemporaines telles que la migration et l’appartenance. Sans se limiter aux idéologies, aux croyances ou aux idéaux, elle va à la rencontre de l’autre et élabore des voies possibles et sensibles pour relier des cultures, des histoires et des personnalités différentes.

À sa manière, l’artiste réinvente l’album de famille. Son album n’a plus l’utilité traditionnelle de conserver la mémoire des événements et visages familiaux passés à transmettre entre les générations. Au contraire, son album construit, à partir du présent, une nouvelle famille. La série « Amada família » relie la représentation d’une ascendance imaginée avec la réalité des liens que l’artiste crée avec les Amados qui la reçoivent chez eux. Les images tissent un fil émotionnel entre le grand-père disparu au Portugal il y a plus de soixante ans, l’artiste française d’aujourd’hui et la future famille brésilienne, disséminée dans l’immensité du territoire. Comme le dit Clarice Lispector, autre grande écrivaine brésilienne, « Se perdre est une façon de se trouver ».
Ioana Mello, commissaire d’exposition